Pour illustrer, je vous partage un exemple personnel.
À cette époque, j’étais chef de projet et j’avais bénéficié peu de temps avant d’une formation au feedback.
14h, le comité de pilotage du projet dont j’ai la charge débute.
Point sur les réalisations, bla-bla, point de situation, bla-bla et points nécessitant un arbitrage, rien de bien particulier.
La réunion se déroule tranquillement quand soudain dans l’assistance, je m’aperçois que mon N+2 semble somnoler.
Alerte rouge, ma voie intérieure est partie en vrille :
« mais c’est nul ce que tu fais » – « on s’ennuie comme un rat mort en t’écoutant » – « t’es vraiment pas fait pour ça » – « quel malpoli » – « il a trop mangé ce midi ou quoi »…
La réunion finie, ça tourne dans ma tête.
Toute l’après-midi, ça tourne dans ma tête.
Au moment d’aller dormir, ça tourne dans ma tête.
Le lendemain, après 3 cafés et les valises sous les yeux, ça tourne toujours jusqu’au moment où je prends mon courage à deux mains.
Je vais toquer à la porte de mon N+2 lui demandant quand il aura 5 min, car je souhaiterais lui faire un feedback.
Ça tombe bien, il a justement 10 min devant lui avant un call.
« Hier lors du comité de pilotage, j’ai remarqué que vous somnoliez. J’avoue que cela m’a mis en colère et travaillé toute la nuit. Si mon travail est en cause, j’ai besoin que vous me disiez franchement les choses ». (*)
« Ah ? Désolé, je ne m’en étais pas rendu compte. J’ai mon masque pour l’apnée du sommeil qui doit être déréglé. Il y a quelques années c’est déjà arrivé et je m’en suis rendu compte après un accident de voiture où je m’étais endormi au volant. »
Le lendemain il m’a confirmé que l’appareil était bien déréglé.
Je peux vous avouer que je n’en menais pas large d’aller faire ce feedback, qui d’ailleurs était l’un de mes premiers.
En s’ouvrant au feedback, il a évité bien des problèmes.
Et moi, j’ai la double satisfaction d’avoir contribué et de mettre débarrassé de ce discours intérieur toxique.