3 bonnes raisons de faire confiance à votre équipe

Laurent Bouguennec – 11 août 2023

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Lecture de 4 min

" La confiance n’exclut pas le contrôle. "

Mais quelle connerie !

Cet oxymore est une croyance répandue dans le monde des manageurs.

Sous son air léger et innocent, cette phrase invite à toujours plus de contrôle; une lourdeur administrative qui enferme celui qui y croit dans une paranoïa permanente.

 

La confiance c’est tout l’inverse. La confiance exclut le contrôle.

Donner sa confiance à l’autre est difficile.

C’est se mettre en situation de vulnérabilité, s’exposer à des trahisons et à des déceptions.

Cela fait peur.

 

Le réflexe archaïque est de se blinder derrière des contrôles, un peu comme on porte une armure. Une armure protège, mais pas à 100%. Il y a toujours des failles alors que nous nous croyons invincibles. Nous baissons la garde à tort car porter une armure, c’est perdre en mobilité et accuser de la fatigue supplémentaire.

 

Ne pas faire confiance a un prix.

Et soyons honnêtes, l’excès de confiance est tout aussi néfaste.

La solution se trouve dans la voie du milieu.

 

Dans cet article, je vais aborder les questions suivantes : quelles peuvent être les conséquences de l’absence et de l’excès de confiance en l’autre ? Et comment avoir une confiance saine sans contrôle ?

Les 3 Conséquences majeures à ne pas faire confiance

1. Augmentation du stress et perte de temps

Les tâches à réaliser sont ce qu’elles sont, avec leur temps de traitement et leur deadline.

Sans confiance en l’autre, nous sommes en danger.

Sous stress, une hyper vigilance permanente s’installe tel une poche en perfusion qui alimente la peur.

Cette peur qui nous murmure à l’oreille les conséquences à assumer in fine en cas de problème.

 

Tel un poison, cela nous ronge de l’intérieur.

Nous avons alors le choix de l’antidote avec ses effets secondaires indésirables.

  • Tout prendre à notre charge : soulagement direct, mais surcharge de travail et risque opérationnel fort.
  • Déléguer sans confiance : douleur lancinante détournant notre attention des tâches en cours jusqu’à la réalisation d’un contrôle libérateur.

L’un comme l’autre, ils impliquent des couches supplémentaires de tâches à réaliser.

 

Il est déjà difficile d’avancer sur les sujets de fonds.

Avons vous vraiment besoin d’en remettre une couche ?

Si oui, la variable d’ajustement est le temps personnel et familial.

 

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

2. Diminution de l’implication individuelle

L’absence de confiance amène chacun à moins s’impliquer dans les tâches à réaliser et à se regarder le nombril.

Pour illustrer ce propos, je vous partage une expérience de mon enfance.

 

Mon père m’avait confié la tâche de fermer les volets roulants du 1er étage chaque soir. Et chaque soir il venait contrôler les volets un à un en les réouvrant un peu avant de les refermer.

Clairement, ça m’a saoulé de le voir passer derrière moi. J’ai donc arrêté de le faire.

Un soir, comme à son habitude, il monte, ferme les volets et m’engueule de ne pas l’avoir fait.

Ma réponse a mis fin à ce petit jeu de dupe : « Pourquoi aller perdre mon temps à faire quelque chose, quand de toute façon tu passeras derrière ? »

3. Dégradation de l’implication et de l’esprit de groupe

L’esprit de groupe est possible quand individuellement on se sent en sécurité.

Or, les indicateurs sont une menace.

Attention, les indicateurs sont nécessaires au bon pilotage d’une activité, mais utilisés à des fins de contrôle, ils détournent notre attention.

 

Nous nous focalisons sur l’indicateur par peur du coup de bâton au lieu de nous concentrer sur la tâche elle-même.

Nous en perdons le sens et l’esprit critique.

Nous devenons individualiste pour sauver notre peau au lieu de penser équipe.

La confiance aveugle, ou donner carte blanche

Aller à l’autre extrémité du balancier est tentant, mais aussi dangereux.

 

Le monde des bisounours et des licornes existe … dans notre imaginaire.

Donner sa confiance en open-bar, c’est s’exposer à des déceptions et trahisons à la pelle. Et derrière, il faudra en assumer le prix : opérationnel, relationnel et émotionnel.

Chacun voit le monde sous un prisme différent avec des intérêts divergents plus ou moins affichés.

 

J’ai commis cette erreur la première fois où je me suis retrouvé en position de leader d’un groupe : président d’une association.

Je me racontais la belle histoire que tous les participants étaient là pour s’amuser ensemble, partager une vie de groupe.

 

Cette naïveté a été la source de bien des douleurs et d’apprentissages sur la nature humaine.

En voici un qui m’a particulièrement marqué : pour certaines personnes, l’argent et le pouvoir prennent le pas sur le plaisir de s’amuser ensemble.

Ne soyez pas naïf.

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La voie du milieu : Casino royal

Entre les 2 extrémités – confiance aveugle ou absence de confiance – il y a une 3ème voie.

Celle d’apprendre à faire confiance de façon raisonnée et raisonnable.

Et cela passe par 3 piliers à développer :

1. Apprendre à lire le jeu des autres

L’observation est la clef pour déterminer, si oui ou non, on peut faire confiance à quelqu’un.

Niveau de compétence ? Fiabilité ? Expérience passée ?…

Tel un joueur de poker, vous pouvez compter les cartes et passer au peigne fin les signaux faibles en présence qui indiquent la probabilité que l’autre à du jeu ou qu’il bluffe.

Je parle bien de probabilité, compter les cartes donne une tendance, pas une vérité à 100%.

 

Pour aller plus loin, je détaille ce point en particulier dans le prochain article : l’équation de la confiance

2. Miser stratégiquement

L’idée est de définir la zone de confiance que vous avez vis-à-vis d’une personne.

Définir ce cadre dans lequel aucun contrôle n’est nécessaire.

De le personnaliser et de le faire évoluer.

 

L’occasion de renforcer le niveau d’engagement d’une personne en lui partageant vos attentes, vos choix et la voie à suivre.

3. Devenir le casino

99,99% de chance de gagner, c’est 0,01% de chance de perdre.

D’accord, ça ne serait vraiment pas de bol, mais ça arrive. Et cela ne doit pas vous faire oublier que dans 99,99% tout ira bien.

 

C’est de la gestion du risque calculé :

  • Coût d’un incident ?
  • Fréquence probable ?
  • Coût des contrôles, de produire des indicateurs ….

 

C’est se mettre dans le rôle du casino.

Même si parfois elle perd, la maison est toujours gagnante à la fin.

" Soyez courtois avec tous, mais intime avec peu, et laissez ces quelques-uns être bien éprouvés avant de leur donner votre confiance. "

La confiance exclut le contrôle et passe par un apprentissage, une proposition qui est plus juste.

Oui, parfois vous allez vous tromper. Et alors ?

Ces expériences forgeront votre capacité à évaluer la confiance en l’autre.

 

Qu’est-ce qui vous empêche de faire confiance à votre équipe ?

 

Bon weekend

Laurent

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