Feedback is a GIFT : Les enjeux de recevoir du feedback

Laurent Bouguennec – 20 octobre 2023

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Lecture de 3 min

Comme nous l’avons vu dans la première partie de cette série d’articles, le feedback est un outil fondamental du manageur pour favoriser l’évolution de ses équipes et atteindre ses objectifs.

 

Pour autant, pour bénéficier de cet outil, il faut que l’autre soit OK de les recevoir.

Sinon tous les feedbacks que vous ferez glisseront sur les membres de votre équipe comme de l’eau sur les plumes d’un canard.

 

Recevoir un feedback peut nous gêner par peur d’être jugé pour qui nous sommes.

C’est normal, aussi notre réflexe premier est de ne pas le recevoir.

Et c’est dommage.

 

C’est tout l’objet de cette deuxième partie de « Feedback is a GIFT » pour vous aider à déployer le feedback au sein de vos équipes.

Plaisir d’offrir, joie de recevoir

Pour illustrer, je vous partage un exemple personnel.

À cette époque, j’étais chef de projet et j’avais bénéficié peu de temps avant d’une formation au feedback.

 

14h, le comité de pilotage du projet dont j’ai la charge débute.

Point sur les réalisations, bla-bla, point de situation, bla-bla et points nécessitant un arbitrage, rien de bien particulier.

La réunion se déroule tranquillement quand soudain dans l’assistance, je m’aperçois que mon N+2 semble somnoler.

Alerte rouge, ma voie intérieure est partie en vrille :

« mais c’est nul ce que tu fais » – « on s’ennuie comme un rat mort en t’écoutant » – « t’es vraiment pas fait pour ça » – « quel malpoli »  – « il a trop mangé ce midi ou quoi »…

 

La réunion finie, ça tourne dans ma tête.

Toute l’après-midi, ça tourne dans ma tête.

Au moment d’aller dormir, ça tourne dans ma tête.

 

Le lendemain, après 3 cafés et les valises sous les yeux, ça tourne toujours jusqu’au moment où je prends mon courage à deux mains.

Je vais toquer à la porte de mon N+2 lui demandant quand il aura 5 min, car je souhaiterais lui faire un feedback.

Ça tombe bien, il a justement 10 min devant lui avant un call.

 

« Hier lors du comité de pilotage, j’ai remarqué que vous somnoliez. J’avoue que cela m’a mis en colère et travaillé toute la nuit. Si mon travail est en cause, j’ai besoin que vous me disiez franchement les choses ». (*)

« Ah ? Désolé, je ne m’en étais pas rendu compte. J’ai mon masque pour l’apnée du sommeil qui doit être déréglé. Il y a quelques années c’est déjà arrivé et je m’en suis rendu compte après un accident de voiture où je m’étais endormi au volant. »

Le lendemain il m’a confirmé que l’appareil était bien déréglé.

 

Je peux vous avouer que je n’en menais pas large d’aller faire ce feedback, qui d’ailleurs était l’un de mes premiers.

 

En s’ouvrant au feedback, il a évité bien des problèmes.

Et moi, j’ai la double satisfaction d’avoir contribué et de mettre débarrassé de ce discours intérieur toxique.

La fenêtre de Johari

Pour bien comprendre l’intérêt du feedback, il faut faire le lien avec la fenêtre de Johari :

Zone publique

Ce que je sais de moi et que les autres savent.

Plus cette zone est importante, plus nous sommes congruents, alignés, authentiques.

Zone intime

Ce que je sais de moi et que les autres ne savent pas.

C’est notre jardin secret.

Cette partie de nous que nous n’assumons pas ou ne voulons pas afficher en public.

 

Elle peut être aussi bien source de fierté que de honte.

Elle nécessite de la confiance pour la dévoiler à l’autre.

 

Quand nous réalisons un feedback, nous nous dévoilons et faisons passer une information de la Zone intime à la Zone publique.

Zone d’ombre

Ce que j’ignore de moi et que les autres ignorent.

C’est notre potentiel inexploité.

 

Une zone fondamentale à garder à l’esprit pour lutter contre les étiquettes que nous nous collons ou que les autres nous collent.

Par exemple, pendant des années, j’ai porté l’étiquette « je suis nul en français ». Lorsque je l’ai remise en cause celle-ci, je me suis ouvert à un potentiel : écrire.

Zone aveugle

Ce que j’ignore de moi et que les autres savent.

Ce sont tous nos angles morts.

 

C’est une zone de danger :

  • Les autres vont nous juger à l’aune d’éléments que nous ignorons.
  • Des conflits liés à des incompréhensions peuvent éclater (je pense être un manageur, mais les autres me perçoivent comme un contremaître)

 

Le feedback reçu diminue la Zone aveugle au profit de la Zone publique.

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Diminuer la zone aveugle ou faire grandir la zone publique

Recevoir un feedback permet :

– de progresser plus vite,

– d’apprendre à mieux se connaître,

– de réaliser des prises de conscience,

– d’éviter des interprétations erronées,

– de valider si nous répondons aux attentes,

– de mieux découvrir notre impact sur le monde.

 

Pour autant, et malgré toutes ces bonnes raisons, il peut être parfois difficile d’en recevoir.

Dans le monde de l’accompagnement, c’est par ailleurs une difficulté que nous rencontrons.

Nos clients nous donnent rarement des feedbacks sincères.

Pour y pallier, nous travaillons en supervision avec des pairs pour combler ce manque.

" Le paradoxe de la condition humaine, c’est que l’on ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres. "

Grandir, c’est ce que le feedback nous permet.

Le deal : Faire preuve de confiance en l’autre et accepter la vulnérabilité qui va avec.

 

Au démarrage de la mise en place du feedback, vous en donnerez/recevrez des maladroits.

Si cela arrive, je vous invite à faire un feedback du feedback reçu.

 

Gardez l’esprit critique et bon weekend. 😃

Laurent

 

(*) Dans cet exemple, pour réaliser mon feedback, j’ai utilisé la trame OIR

  • Observation : les faits observés
  • Impact : sur soi, une équipe, un environnement
  • Request : une demande, une proposition que l’autre pourra accepter ou refuser

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