Violence en entreprise, on en parle ?
Laurent Bouguennec – 31 octobre 2024
Lecture de 3 min
Bien sûr que oui, arrêtons que jouer à être prude et brisons un tabou.
Que cela soit à l’école, dans le couple, dans la vie de famille, la violence est omniprésente dans notre société
Elle est même montrée quotidiennement à la TV
Y compris par nos leaders charismatiques censés incarner l’exemple
Mais en parler, oulalala, ça ne se fait pas.
Ba merde, si, ça se fait, ici maintenant, tout de suite.
Stop à l’angélisme et prenons nos responsabilités sociétales.
Arrêtons de créer des résignés.
En France, 11% des salariés ont été victimes d’une agression de la part de leurs collègues ou supérieurs hiérarchiques lors des 12 derniers mois.
(source : enquête de 2016 “Chiffres clés sur les conditions de travail et la santé au travail”, de la DARES)
Dans une équipe de 10 personnes, toi ou un de tes collègues a été victime de violence.
C’est juste énorme et inacceptable. 🤬
C’est quoi la violence ?
Pour poser le cadre, je vais m’appuyer sur la définition proposée par la convention 190 de l’Organisation International du Travail signé par la France en 2021 :
“a) l’expression «violence et harcèlement» dans le monde du travail s’entend d’un ensemble de comportements et de pratiques inacceptables, ou de menaces de tels comportements et pratiques, qu’ils se produisent à une seule occasion ou de manière répétée, qui ont pour but de causer, causent ou sont susceptibles de causer un dommage d’ordre physique, psychologique, sexuel ou économique, et comprend la violence et le harcèlement fondés sur le genre;
b) l’expression «violence et harcèlement fondés sur le genre» s’entend de la violence et du harcèlement visant une personne en raison de son sexe ou de son genre ou ayant un effet disproportionné sur les personnes d’un sexe ou d’un genre donné, et comprend le harcèlement sexuel.”
Donc l’acte unique ou la répétition peut constituer un acte violent répréhensible.
Et oui, ce n’est pas parce que le contrat de travail est un lien de subordination que c’est la fête.
La loi fixe des limites (code pénal, code du travail, etc)
Les différentes formes de violences
Dans la violence, il y a volonté de détruire l’autre (contrairement à l’agressivité).
La violence ou plutôt les formes de violence.
Par violence, on peut avoir l’image des coups et blessures.
Mais comme dans un couple, c’est bien plus large que cela.
Voici celle que je recense dans le monde du travail en France et j’en ai certainement loupées :
Violence physique
- coups
- blessures
Sur la période 2016-2018 en France, 22% des violences physiques se sont déroulées sur le lieu de travail ou d’étude (source Insee).
Violence verbale
- insultes
- moqueries
- critiques sans fondement
- reproches sans fondement
Et oui, les mots font des ravages.
Violence sexuelle
- agression sexuelle
- harcèlement sexuel
Dans les entreprises d’au moins 250 salariés, un référent « lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes » est obligatoire.
Violence coercitive
- surveillance
- cybersurveillance
La pression de l’œil de Sauron en permanence sur soi.
Violence psychologique
- humiliation
- infantilisation
- menaces
- ignorance (mise au placard)
- négligence émotionnelle
- harcèlement
- intimidation
- chantage
- discrimination (racial, genre…)
- etc
De quoi briser des personnes
Que faire si tu es victime de violences ?
⚠ Rappel : ces actes ou propos sont INTERDITS et PUNIS par la loi.
En interne
Signaler ces violences (victime(s) et/ou témoin(s)) au supérieur hiérarchique direct ou indirect, à un membre du service des ressources humaines, au référent « lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes » si existant, à l’employeur lui-même, à un membre de la délégation du Comité Social et Économique (CSE) ou au délégué syndical.
En externe
Il peut y avoir un recours pénal.
Que faire si tu es témoin de violences ?
1. Proposer son aide à la victime
Et elle dispose
2. Témoigner
Si tu reçois une demande en ce sens
3. Faire un signalement des violences
Si c’est nécessaire et en informant au préalable la victime et si possible avec son accord.
En te tournant vers la hiérarchie, les Ressources humaines, le CHSCT, la justice…
Ce que ça peut changer
Je voudrais te partager 2 expériences personnelles dans le monde du travail.
Dans mes jeunes années, j’ai été témoin de violence au travail.
Sans connaissance sur le sujet et me sentant non en sécurité dans mon job, je n’ai pas réagi.
Un souvenir qui me laisse un goût amer et une situation qui a perduré.
Plus récemment, des personnes rattachées à un même N+2 ont signalé des violences en début d’atelier lors d’un brainstorming.
L’atelier se passe sur le sujet concerné, mais en fin d’atelier, je leur demande si ces personnes confirmaient bien les éléments avancés.
Après un “OUI” assumé, je leur annonce que je vais signaler ce point aux RH en respectant leur anonymat.
Résultat : des salariés soulagés et un manageur, qui était en souffrance, est soulagé également.
" La violence est le dernier refuge de l'incompétence. "
Isaac Asimov
Un article pas funky, j’en ai conscience, mais un article que je voulais publier pour éviter les conséquences de la première expérience et te permettre au besoin d’agir.
Comme d’hab’, garde l’esprit critique.
Bonne fin de journée 😉.
Laurent